L’excommunication, une peine pour soigner, sauver, protéger.

Une peine pour soigner

" Au cours des siècles, l'Eglise catholique a, de façon habituelle, réformé et rénové les lois de la discipline canonique pour que celles-ci, en pleine fidélité à son divin Fondateur, s'adaptent à la mission de salut qui lui a été confiée" Jean-Paul II, Constitution apostolique Sacrae disciplina leges, promulgation du code de droit canon 25. 01. 83

 » Au cours des siècles, l’Eglise catholique a, de façon habituelle, réformé et rénové les lois de la discipline canonique pour que celles-ci, en pleine fidélité à son divin Fondateur, s’adaptent à la mission de salut qui lui a été confiée » Jean-Paul II, Constitution apostolique Sacrae disciplina leges, promulgation du code de droit canon 25. 01. 83
Concrètement, qu’est-ce que l’excommunication ? Le premier élément de réponse est simple. L’Église a élaboré un code de droit, régulièrement révisé, appelé code de droit canonique, auquel sont soumis les baptisés. Le droit ecclésial, ou droit canon, est ce qui différencie l’Eglise des sectes et en fait une société régit non pas par la tyrannie ou l’arbitraire, mais par un droit réfléchi, mûri et expérimenté. Le droit ecclésial utilise donc un langage juridique précis, loin de l’affectivité de nos sociétés, il est vrai, mais conçu pour protéger le droit de chacun, pour défendre, et dès son premier article, pour sauver.

De ce fait, ceux qui contreviennent à ce droit commettent un « délit » et encourent une peine. Le « délinquant » ne peut être jugé qu’au for externe, c’est-à-dire sur des violations effectives de lois de l’Église. Son for interne est laissé au jugement de sa conscience, une conscience qu’il a le devoir d’éclairer par tous les moyens de formation, d’information, de réflexion, de conseil et de prière.


La peine la plus sévère, en cas de danger mortel pour les âmes.

L'excommunication, une peine pour soigner, sauver, protéger.
L’excommunication est une peine prévue par le droit canon. C’est la peine la plus sévère, puisqu’elle empêche la réception des sacrements, particulièrement ceux de la réconciliation et de l’Eucharistie. Elle entérine juridiquement une rupture de la personne concernée avec la communion des fidèles. Toutefois, en cas de danger de mort, tout prêtre peut entendre la confession de cette personne et l’absoudre de ses péchés et de toute excommunication. Il est utile de rappeler que l’Église donne à toute peine canonique une signification pastorale et ne désire qu’une chose, exercer la miséricorde vis-à-vis du pécheur repentant et le réintégrer dans la commu­nion ecclésiale. La peine ne doit donc pas être considérée comme un obstacle mais comme une incitation au repentir pour permettre au fautif de retrouver l’accès aux sacrements, en lui indiquant la gravité objective de rupture de communion de sa situation. Il est important d’avoir à l’esprit que le droit ecclésial a été entièrement revu à la suite du Concile Vatican II pour reposer plus encore sur la même ecclésiologie de communion. Cette révision du code de droit canon de l’Eglise marque une continuité avec le travail des Conciles, lesquels se complètent et permettent de préciser et d’améliorer aussi  le droit ecclésial au cours des siècles.

Les peines Latae sententiae.

Deuxième élément de réponse. Toute peine, de façon générale, exige que le délinquant présumé soit entendu par un tribunal, en l’occurrence ecclésiastique, et puisse faire entendre sa défense. C’est ainsi que procède l’Église pour la majorité des délits, qui la visent elle ou l’un de ses membres. Mais il existe des peines, qui s’appliquent dès que l’on a commis l’acte délictueux, en latin on dit qu’elles s’appliquent « latæ sententiæ ». Cela concerne évidemment des cas peu nombreux d’actes, dont la gravité tient à la matière et à son caractère scandaleux en termes d’exemple. C’est notamment le cas de l’avortement, qui contrevient au cinquième commandement (« Tu ne tueras point ») et de la façon la plus grave, puisque la victime est innocente et sans défense.

Le concile de Vatican II l’a rappelé dans la constitution Gaudium et Spes (n. 51). Cette excommunication est encourue par ceux qui procurent et réalisent l’avortement. Et bien sûr, se pose la question de ceux qui exercent le pouvoir politique et mettent en place des lois qui privent une catégorie d’êtres humains, et les plus vulnérables, du droit inaliénable à la vie.

L’apostasie, c’est-à-dire le reniement de sa foi, l’hérésie qui la prive de vérités essentielles entraînent également cette rupture de l’excommunication. Le droit canon, sans préciser la peine encourue sur ce point, dénonce également l’adhésion aux associations et partis qui par nature sont incompatibles avec la foi de l’Eglise, ce qui pour un fidèle catholique s’apparente à l’apostasie, puisque le Credo lui enjoint de croire en l’Église, une, sainte, catholique et apostolique.

Ces peines Latae sententiae ne sont pas prononcées mais constatées par une instance ecclésiale ( la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, par exemple), elles résultent de la responsabilité directe de celui qui pose un acte de cette gravité : c’est le fautif qui s’exclut lui-même de la communion et met son âme en danger mortel.

 

L'excommunication, une peine pour soigner, sauver, protéger.
Ainsi, l’excommunication est un avertissement public, ( qui protège aussi d’éventuelles victimes ou disciples non avertis du fautif), avertissement qui ne veut que le salut et le retour de celui qui s’est mis dans cette situation. La levée d’une excommunication est un signe de salut obtenu et signifie la joie de la conversion du pécheur.

Pour comprendre l’enjeu, il suffit de lire la lette de Benoît XVI lors de la controverse sur la levée des excommunications, lettre admirable de sollicitude pastorale, de fermeté et de courage.

Père Y. Bonnet.

 

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