Pour trouver le bonheur : ordonner sa vie selon la loi naturelle.

3) Qu’est-ce que le bonheur ? nous poursuivons notre parcours à la fois philosophique et anthropologique sur le bonheur. Le mystère de l’être humain dans sa relation à Dieu ( anthropologie) éclaire sa recherche du bonheur…

Alors, que faire?

Pour trouver le bonheur : ordonner sa vie selon la loi naturelle.
Ils font la fête parce qu’ils ne sont pas heureux, et la confusion entre plaisir et bonheur fait du plaisir un tyran de plus….Alors, que faire?

La première chose, et cela concerne chacun d’entre nous : remettre de l’ordre dans nos propres personnes, à l’intérieur de nous. Redonner toute sa valeur à notre  » poste de pilotage », car l’homme- contrairement à l’animal qui est en  » pilotage automatique par son instinct ou son dressage, l’homme possède le libre-arbitre.


Libre-arbitre et liberté

Pour trouver le bonheur : ordonner sa vie selon la loi naturelle.
Le problème, c’est que l’on confond le libre-arbitre et la liberté. Le libre-arbitre, c’est un  » équipement » : vous êtes équipés du libre-arbitre, c’est-à-dire que vous avez la possibilité de poser des actes sans contraintes. Mais cela ne conduit pas forcément à la liberté ! un exemple : la drogue. c’est en exerçant ( mal) son libre-arbitre que le drogué choisit de se droguer; après, lorsqu’il est  » accro », il perd sa liberté. Et toutes les addictions modernes- que ce soit aux vêtements, au sexe, à l’alcool, à la drogue- sont des esclavages que l’on crée au nom du libre-arbitre.


Remettre de l’ordre dans notre libre-arbitre : le poste de pilotage.

Il est donc nécessaire de remettre de l’ordre, d’utiliser notre libre-arbitre, notre intelligence, notre conscience, pour discerner où est le bien pour nous. Nous avons cette intelligence raisonnable : il faut la former, l’informer, la cultiver, l’éduquer. Dans l’école de spiritualité française, cela s’appelle l’ascèse. Dans le jargon des sportifs, cela s’appelle l‘entraînement. On s’entraîne pour muscler sa volonté, et on met en avant, dans sa personne, le poste de pilotage : l’intelligence et la volonté.

Et le ressenti?

Pour trouver le bonheur : ordonner sa vie selon la loi naturelle.
En second seulement vient le domaine du ressenti : beaucoup de personnes aujurd’hui, fonctionnent excessivement dans l’affectif. C’est pour cela que beaucoup de parents n’éduquent plus leurs enfants : parce qu’ils ont peur de leur  » faire de la peine » en interdisant quelque chose, en se fâchant….si on est purement dans l’affectif, on ne peut pas le faire.

Enfin, troisième niveau : le domaine du corps. Il y a des gens qui ne fonctionnent que dans la pulsion : regardez le nombre de criminels pulsionnels qu’il y a! cela signifie qu’il y a une inversion chez certaines personnes : le corps, avec les pulsions et les émotions, commande, ensuite vient l’affectif, les sentiments : il n’y a plus de place pour l’intelligence et la volonté.

Il faut donc remettre de l’ordre dans nos personnes. Et cela concerne tous le monde ! Je dis souvent aux jeunes :  » Apprenez à vous piloter, vous verrez, cela fait du bien! N’ayez pas peur d’entraîner aussi votre volonté et votre intelligence! »


La vie morale, c’est une réalité!

Il faut aussi remettre de l’ordre dans sa vie morale. La vie morale, c’est une réalité! Le bien et la mal, cela existe! La jeune fille dont le frère est mort d’une overdose nous parlait du bien et du mal : le mal que se faisait son frère, celui qu’elle lui a fait…il faut donc apprendre à  » trier les billes » dans ce domaine et s’obliger à vivre conformément à ce que les philosophes appellent  » la loi naturelle », ce que les Juifs appellent la  » loi mosaïque » : ils l’ont reçu par Moïse, sur le Sinaï. Le Christ a d’ailleurs dit qu’Il ne retirait pas un iota de cette loi mosaïque ; ce n’est pas parce qu’Il donnait une loi d’amour qu’Il retirait la loi mosaïque, comme si elle ne pouvait être suivie avec amour! Cela veut dire que nous ne pouvons pas vivre décemment de l’amour de Dieu si nous ne commençons pas par apprendre à éviter le mal et à faire le bien; à nous respecter nous-même et à respecter l’autre…la vie morale est incontournable; elle se traduit par des commandements et des interdits, c’est-à-dire tout ce qui irrite les héritiers de mai 68, les gauchistes américains et les tenants de la contre-culture. On est en plein déni de l’importance de la vie morale : ceux qui parlent de morale ne seraient que des moralisateurs : ils culpabilisent les autres, etc, etc. Tout ceci est de la sottise et de l’irresponsabilité. Nous avons besoin de la morale, la vraie, celle qui repose sur la loi naturelle, et non pas sur l’arbitraire de petits tyrans auto-proclamés. Il est nécessaire donc d’étudier, de se former, de proposer la loi naturelle et la morale de façon positive et intelligente.

Fondements anthropologiques : mode d’emploi de l’homme.

On sait que l’on a besoin de la morale ; il y a un  » mode d’emploi » de l’homme, c’est-à-dire une anthropologie de l’homme qui fait qu’on ne peut pas faire n’importe quoi sans abîmer l’être humain. On ne peut pas transgresser ce  » mode d’emploi ». Ce n’est pas étonnant que parmi les chimistes comme moi, un certain nombre se soient tournés vers les relations humaines ! Parce que l’on a ce profond réalisme : dans notre métier, lorsque l’on ne respecte pas les modes d’emploi et la nature des éléments, on provoque des accidents de toutes sortes ( brûlures, intoxications…) Donc, nous sommes plus ouverts que d’autres à accepter cette idée d’un mode d’emploi, d’une anthropologie de l’homme.

Savez-vous qui a employé cette expression dans ce sens? Un certain Joseph Ratzinger, en 1985. Cela figure dans le livre d’entretiens qu’il a eus avec un journaliste italien, Vittorio Messori. Notre futur pape y disait ceci :  » J’ai l’impression que les gens ont perdu le mode d’emploi de l’homme. » ( Joseph Razinger, Vittorio Messori, Entretiens sur la Foi, paris, Fayard, 1985.)

Aujourd’hui, on a cette chance d’avoir des sociologues scientifiques, réalistes- particulièrement en pays anglo-saxons, car dans les pays latins, ils sont vite idéologues et cherchent à démontrer une thèse; mais il y a quelques bons socialogues anglo-saxons…en France, j’en ai rencontrés. J’ai participé à une émission de TV, sur KTO, avec l’un d’eux, Michel Fize, sociologue de la famille; de mon côté, j’avais écrit un livre sur la famille et l’éducation ( Les neufs fondamentaux de l’éducation.) KTO nous avait invités tous les deux et nous étions vraiment sur la même longueur d’onde…même si culturellement M. Fize est très  » siècle des Lumières », ce qui n’est pas mon cas : je suis franchement catholique! Nous nous sommes cependant très bien entendus sur le sujet que nous traitions. Pourquoi? Parce que les sociologues scientifiques énoncent des réalités concrètes et démontrent qu’on ne peut pas faire n’importe quoi avec l’homme…regardez les fruits du déni actuel : la séparation des couples, la violence…tout ceci est lié au fait que l’on a perdu le mode d’emploi de l’homme, une conception de l’homme cohérente, ce qu’on appelle l’anthropologie, dont la loi naturelle est une des bases. La loi morale s’incrit dans cet ensemble à retrouver, elle est donc une réalité incontournable à laquelle on se doit de prêter la plus grande attention!


Et la vie spirituelle?

Pour trouver le bonheur : ordonner sa vie selon la loi naturelle.
Les parents doivent redonner à leurs enfants la notion de vie morale, c’est indispensable. Même chez les catholiques, je vois des gens qui voudraient donner une vie spirituelle à leurs enfants, sans leur donner de vie morale ! Mais le surnaturel ne tient que sur le naturel! Si vous n’avez pas de socle naturel, vous pouvez poser dessus toutes les béatitudes que vous voulez, elles ne tiendront pas. C’est la raison pour laquelle le Christ dit que les commandements sont incontournables. Saint Jean, le grand apôtre de l’Amour, écrit :  » Celui qui prétend qu’il aime Dieu, alors qu’il ne respecte pas les commandements, est un menteur. »

Il faut aussi redonner le goût de l’effort : s’obliger à faire des choses pas forcément faciles…demandez aux artistes de haut niveau : leurs réussites sont le fruit d’un immense travail ! Ils sont tous des  » bosseurs » car ils savent que s’ils cessent de toujours chercher à faire mieux, ils seront perdus…

La vie spirituelle est importante, mais elle s’appuie fortement sur les autres domaines dont nous avons parlé : le travail et l’amour. Lorsque je parle aux jeunes, je leur propose d’embarquer dans ce que j’appelle  » la fusée du bonheur » :

– L’étage du bas, qui pousse tout, c’est le travail; c’est incontournable, et de surcroît, cela permet de vivre dans la dignité, ce qui n’est pas négligeable !
– L’étage du milieu, c’est le don de soi : tout ce qui touche à l’amitié, l’amour, la solidarité, le souci des autres, le caritatif…
– L’étage supérieur, c’est la vie spirituelle : lorsque les deux autres domaines sont stables, on peut avoir une vraie relation avec ce Dieu d’amour. Mais le soubassement des deux autres étages est nécessaire.

Père Y. Bonnet;


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