Plaisir et bonheur : gare au tyran, vive le vrai bonheur!

2) Qu’est-ce que le bonheur ? nous poursuivons notre parcours à la fois philosophique et anthropologique sur le bonheur. Le mystère de l’être humain dans sa relation à Dieu ( anthropologie) éclaire sa recherche du bonheur…

 


Etes-vous un  » eudémoniste »?

Un bonheur...solitaire?

Un bonheur…solitaire?
C’est le problème du bonheur : il y a un terme français qui désigne celui qui cherche le bonheur. Je pense que peu d’entre vous le connaissent : c’est un  » eudémoniste ». Cela vient du grec ancien  » eudaïmon » qui veut dire le bonheur. Je doute que le matin, au petit déjeuner, vous demandiez à votre vis-à-vis s’il est un eudémoniste ?! …Ainsi, tout le monde cherche le bonheur, mais peu de personnes emploient le terme officiel qui désigne cette recherche.
En revanche, il y a beaucoup de mot pour désigner les personnes qui se trompent sur le bonheur : on parle de l’épicurien ( qui confond bonheur et plaisir); on parle du sadique ( qui se trompe lui-même en pensant trouver le bonheur en infligeant de la souffrance aux autres). On parle du masochiste ( qui croit trouver le bonheur à travers ses propres souffrances)…tous ces termes désignent des gens qui se trompent sur le bonheur, c’est quelque chose d’important et il faut en parler.

La tyrannie du plaisir ou le bonheur?

Ce que je dis souvent aux jeunes et aux parents, c’est qu’on ne trouve jamais le bonheur dans l’immédiateté. C’est un des vices de notre époque de vouloir tout, tout de suite. Le plaisir peut être dans l’immédiat, mais pas le bonheur. Le plaisir peut d’ailleurs se trouver à l’intérieur du bonheur, mais ce n’est pas cela qui fait le bonheur.
Jean-Paul Guillebaud, un ancien soixante-huitard, a incrit un livre intitulé :  » La Tyrannie du plaisir ». Il montre que toute une génération s’est jetée dans cette recherche du plaisir et que, finalement, cela l’a détournée du bonheur. C’est devenu une tyrannie. Un peu comme les jeux vidéo : aujourd’hui, les enfants sont  » accros » aux jeux vidéos, cela les détourne de tout. On voit bien qu’il faut retrouver le vrai sens du bonheur.
Avant d’écrire mon livre «  le Défi Educatif « , je me demandais où l’homme pouvait bien trouver le bonheur ? Un jour où je réfléchissais, je dessinai sur un tableau papier une boule qui représentait la sphère terrestre, puis j’y mis un petit bonhomme, et je me demandai où celui-ci pouvait-il bien trouver le bonheur ? Inutile de sortir de Polytechnique pour trouver : il peut le rechercher en dessous de lui, à la même hauteur que lui, ou au-dessus de lui. Il y a donc trois champs du bonheur.

Les trois champs du bonheur.

1) En dessous de mon petit bonhomme, il y a la planète : quelle est l’activité humaine qui peut donner du bonheur dans la relation que l’homme a avec la planète ? Il suffit de regarder le premier chapître de la Bible : dès que l’homme est créé, Dieu lui dit de soumettre la terre, ce qui signifie l’humaniser…ce monde est parfois difficile et la nature, parfois dure pour l’homme. Il faut la travailler; c’est une activité noble. L’animal, lui, ne travaille pas : si vous changez son environnement, il cherchera à migrer pour trouver un lieu qui lui convienne; s’il ne le trouve pas, il meurt, mais ne peut adapter son environnement. Le travail est donc une activité porteuse de bonheur. Il y a toute une philosophie, une anthropologie et une théologie du travail à développer.


2) A la même hauteur que lui, il y a l’autre : c’est la vie sociale, dans laquelle le bonheur, c’est le don de soi. La grande Simone Veil – la philosophe, morte en 1943- que j’apprécie beaucoup, a fait un grand travail sur le don, c’est-à-dire la forme la plus haute de ce que l’on appelle l’amour et qui est un terme à multiples facettes. Parce que l’amour est à la foi don- agapè-, et échange – philia- ( tant et si bien qu’au XVIIeme siècle on disait  » avoir commerce » avec une femme pour dire que l’on avait de l’amitié ou de l’amour pour elle.) Et puis il y a eros – l’autre vu comme un bien pour moi-. Benoît XVI dit très justement que les trois ( agapè, philia, eros) participent de l’amour, et que tous les trois ont leur place. L’anthropologie chrétienne montre que les trois participent de la communion et de la relation d’amour trinitaire, fondement de tout amour humain, notamment dans la relation homme-femme. C’est là que se place l’importance du don. Tout doit d’abord être au niveau du don : quand on agit dans cette logique du don, cela donne un sens à la vie parce que cela correspond à ce que nous sommes en profondeur. A contrario, quand on croit qu’aimer, c’est être aimé et capter l’autre pour son plaisir, on se trompe complètement ! Donc le deuxième champ du bonheur, c’est dans cette capacité qu’à l’homme de donner, de se donner…C’est irremplaçable.


Plaisir et bonheur : gare au tyran, vive le vrai bonheur!3) Au-dessus de lui, c’est la relation avec Dieu. Elle est capitale pour nous. Là se trouve le troisième champ du bonheur. Un jour, je faisais une conférence sur le bonheur à 180 jeunes, et je disais que le Dieu des Chrétiens est le seul qui réponde au problème du mal et de la m
ort , problème qui habite les philosophes depuis bien avant le christianisme. Vint ensuite le temps des questions posées par écrit afin que les juenes se sentent plus libres et voici ce qu’une fille écrivait :  » J’ai perdu mon frère il y a 4 ans ; il est mort dans mes bras d’une overdose d’héroïne. Je savais qu’il se droguait et je n’en avais rien dit à personne. Depuis, ça pèse sur ma conscience.  » Ces mots soulèvent le problème de la mort, du mal ( celui que se faisait son frère et le mal qui lui a été fait par ce silence complice dont la responsabilité est certainement atténué par la jeunesse), et de la culpabilité. Dieu est le seul qui puisse à la fois guérir le mal qu’on a commis ( par le pardon), le mal qu’on a fait ou que l’on a subi. Grâce à l’amour qu’Il nous donne et qui nous guérit. Il est le seul qui réponde au problème de la mort ; ainsi nous pouvons dire, comme la petite Thérèse, que la mort, c’est  » l’entrée dans la Vie ».


Ces trois champs du bonheur nous permettent de trouver un sens à notre vie.
La vie spirituelle répond à ces questions incontournables : le mal et la mort, et nous branche sur le Dieu de la Vie, de la Communion, du Don, de la relation interpersonnelle.
La vie sociale répond à ce besoin de se donner que l’homme a en lui.
la vie de travail permet à la fois de découvrir, à cause des contraintes du travail, que nous avons beaucoup plus de qualités et de talents que nous ne le croyons et que, en les mettant en oeuvre, on a un sentiment d’utilité qui fait que l’on est -j’oserais dire- prolongé même dans sa vie, car la vie appelle la vie.


Petite anecdote : un jour, j’ai été invité par le Congrès européen de l’emballage – cela se passait à Cannes. Attendant l’heure de ma conférence, je me promenais sur la Croisette : je constatais alors, tous les dix mètres, des plaques signalant la présence d’un médecin ; et je voyais des personnes entrer chez ces médecins, en sortir avec leurs ordonnances, aller chez le pharmacien d’où ils ressortaient avec un sac de médicaments! Vraisemblablement, ces personnes vivent mal parce qu’elles sont désoeuvrées ! ( Voilà pourquoi je disais à ma femme que je ne prendrais jamais ma retraite….le Seigneur m’a pris au mot!)


Ce constat n’est pas désabusé, mais réaliste ( l’intelligence lucide sur l’analyse) : nous vivons à une époque où il y a beaucoup de mal-être, où beaucoup de gens ont perdu le sens du bonheur, n’ont pas de point de repère….alors, ils essaient de compenser par l’avoir ( société de consommation), le paraître ( tout le monde veut passer à la TV), les jeux ( qui se développent à une allure vertigineuse)…et cela ne les rend toujours pas heureux. Le père Tony Anatrella – qui a analysé ces comportements- appelle cela une  » société dépressive » où dominent la violence, la déprime, la drogue, le suicide….
Alors que faire ?
Lire la suite : ordonner sa vie selon la loi naturelle.
Père Y. Bonnet
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