Humilité spirituelle et humilité psychologique : il y a vertu et vertu….à notre humble avis.

Vertu psychologique ou développement personnel d’une vertu.

Tartuffe, ou la manipulation de Dieu à des fins personnelles, dénoncée par l'humour et l'intelligence de Molière. Un classique qui vaut bien des sermons !

Tartuffe, ou la manipulation de Dieu à des fins personnelles, dénoncée par l’humour et l’intelligence de Molière. Un classique qui vaut bien des sermons !
Ah, cher Tartuffe de Molière, qui mieut que vous peut montrer cela? Cachez cette vertu que je ne saurais voir!
Certains exercices de contrôle de soi, de maîtrise non pas des tendances vers le mal mais des défauts personnels-neutres en soi-sont faciles à confondre avec une apparence de vertu. Psychologiquement, on peut  » guérir » de ses accès ( visibles) de colère, on peut devenir doux, ( douceatre, en réalité), mais pour les plus doués, parfaits en apparence et parfaits psychologiquement parlant : impossible de prendre en défaut la cuirasse pharisienne de perfection humaine. Non seulement la réussite est là, mais l’humilité semble là aussi. Pas de mise en valeur, pas de bling bling, pas de clinquant, mais pauvreté, simplicité.
Rien que de très louable ?
Effectivement, on voudrait y arriver aussi. En réalité, il s’agit de vertu humaine, et selon la conscience droite, on rencontre la vertu humaine, heureusement, partout dans toutes les religions. Et dans toutes les religions, on en connaît la contre-façon. Elle demande, pour être repérée, un particulier discernement du type  » La divine Comédie » de Dante, fin observateur des contre-façons qui mènent dans les différents cercles de l’Enfer,  voir aussi la description des pécheurs-grands auteurs de littérature avertis comme les personnages de  » Bel-Ami  » de Maupassant, ou Vautrin de Balzac.
Et le discernement des saints.

 

L’humilité psychologique reste humaine, l’humilité spirituelle est un don de Dieu.

L’humilité psychologique est une préparation à la sainteté, quand elle n’est pas hypocrite et manipulation pour parvenir à ses fins propres en abusant de la naïveté d’autrui. Mais elle n’est pas encore la sainteté. Les avantages de l’humilité psychologique ( respect et admiration des autres, possibilité de passer pour un martyr, un saint vivant, un modèle ou tout simplement le fait d’être fort agréable à vivre) seront largement remis en cause par la véritable vie spirituelle selon Saint Jean de la Croix : accéder à la vertu humaine reste un succès personnel, qui permet de déclarer humblement  » que l’on a lâché prise », ou  » renoncé au pouvoir » ,  » qu’à force d’humiliation on est parvenu visiblement à l’humilité »,  » tout m’est indifférent de la comédie humaine »,  » je suis au summum de l’humilté » donc ce n’est pas de l’humilité spirituelle !
Pensons à Mère Téresa, humble humainement parlant, non dépourvue paraît-il d’un caractère qui ressurgissait en apparence de volcan…mais vivant la vraie nuit de la foi en secret, et surtout, ne faisant pas sa volonté propre.

 

Volonté propre et obéissance à l’Esprit Saint.

Humilité spirituelle et humilité psychologique : il y a vertu et vertu....à notre humble avis.

Le manque d’humilité spirituelle se repère ( en nous! pas dans le voisin, gare au jugement et à l’accusateur de nos frères!) au fait que lorsqu’il y a épreuve, échec, il y a comme un contre-témoignage qui vise à faire accuser…l’Esprit Saint. Dieu, dont on s’est servi pour des fins personnelles, et qui devient l’accusé aux yeux des non-croyants, et comme dans la Bible, les impies des psaumes se gaussent du chatiment des croyants-pécheurs :  » Où est-il, ton Dieu ». Ainsi les médias sur chaque manque d’humilité mis à jour des chrétiens. Et voilà la vraie humilité qui s’impose : resterons-nous fidèles au Dieu humble de la Croix face à notre échec et à sa bonté, face à notre volonté propre qui nous mène vers la catastrophe, tandis que sa Volonté nous sauve ?

Notre indépendance envers Dieu ( rien à voir avec l’autonomie psychologique légitime de l’homme adulte) nous pousse vers la désobéissance, et vers la recherche de la vaine gloire, jusque dans l’humilité psychologique ou vertueuse la plus réussie humainement. Ce fut l’erreur des Ariens, déjà au 4éme siècle, qui réclamaient une juste réforme de l’Institution Eglise face aux péchés et abus de ses membres en imaginant une église de parfaits, d’hommes vertueux, pauvres, humbles…mais toute la gloire en revenait aux efforts humains et retombait immanquablement dans l’orgueil et l’illusion. On a appelé cela du nom du fondateur de cette première secte le Pélagianisme. Établi à Rome et devenu le maître spirituel d’un groupe d’aristocrates, Pélage enseigne qu’il est possible de choisir le bien et de vivre sans péché, de suivre les commandements de Dieu en exaltant la primauté et l’efficacité de l’effort personnel dans la pratique de la vertu. Le pélagianisme soutenait que l’homme pouvait, par son seul libre arbitre, s’abstenir du péché et contestait le péché originel.

Saint Augustin, grand saint, et pourtant lui-même fort pécheur, combattit cette hérésie, devenue l’hérésie semi-arienne jusqu’à la fin de ses jours : l’homme ne peut se sauver par lui-même ou par les efforts de sa volonté propre. Il peut s’améliorer, mais ce n’est pas cela la sainteté. Les vertus humaines ne peuvent être conduites à la sainteté que par l’action de l’Esprit Saint et par la Croix, on revient toujours là. Au fond, la question du psycho-spirituel est peut-être une résurgeance de la question théologique de la grâce et du libre-arbitre. Vaste sujet ! A notre humble avis…!

 

Saint Augustin explique dans son traité  » Contre les Ariens » le problème de la volonté propre et de la volonté du Christ.

Détails de la conversion de Saint Augustin

Détails de la conversion de Saint Augustin

 » Du reste, ces paroles mêmes de Jésus-Christ : «Je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé (1) », se rapportent à un fait particulier. Le premier homme, Adam, dont l’Apôtre dit : « Le péché est entré dans le monde par un seul homme et la mort par le péché, et ainsi la mort a passé dans tous les hommes par celui en qui tous ont péché », le premier homme, dis-je, en faisant sa volonté, et non pas la volonté de celui par qui il avait été fait, rendit coupable et digne de châtiment le genre humain tout entier, sa race flétrie. C’est pourquoi celui qui devait être notre libérateur, a par une raison contraire fait non pas sa volonté, mais la volonté de celui par qui il a été envoyé. Ici, en effet, l’expression : sa volonté, doit être entendue dans le sens d’une volonté personnelle opposée à la volonté divine. Car,lorsque nous obéissons à Dieu et que, à raison de cette obéissance, on dit que nous faisons la volonté de Dieu, nous n’agissons pas en cela contre notre volonté, mais bien volontairement; et par là même, si nous agissons volontairement, comment est-il vrai que nous ne faisons pas notre volonté, sinon parce que ces mots : notre volonté, lorsque l’Ecriture les emploie, désignent une volonté personnelle opposée à la volonté de Dieu? Cette volonté a existé dans le premier homme, elle n’a -pas existé en Jésus-Christ, et c’est pour cela que nous avons reçu la mort dans le premier et la vie dans le second. Car on peut sans exagération appliquer ces expressions de vie et de mort à la nature humaine; dont la désobéissance a fait naître en elle-même cette volonté personnelle opposée à la volonté de Dieu. Du reste, quant à la divinité du Fils, la volonté du Père et la sienne ne sont qu’une seule et même volonté; et elles ne peuvent en aucune manière être différentes, la nature de la Trinité étant immuable dans toute son étendue. Mais le Médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme (2), pour ne pas faire cette volonté propre, opposée à Dieu, n’était pas seulement homme, il était Dieu et homme. Et par ce privilège admirable et unique, la nature humaine pouvait être en lui exempte de toute espèce de péché. Il s’exprime donc ainsi: « Je suis descendu du ciel, non pour faire ma volonté, mais pour faire la volonté de celui qui.m’a envoyé », parce que étant descendu du ciel, c’est-à-dire étant à la fois Dieu et homme, son obéissance devait être parfaite et absolument exempte de toute faute de la part de l’homme qui était en lui.  » ( Traité contre les Ariens, de saint Augustin )

L e pape Benoît XVI reprend et explique en termes modernes ce même thème de la Volonté du Christ qui sauve notre volonté propre de ses erreurs et du péché.

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