3) Qu’est-ce que le bonheur ? nous poursuivons notre parcours à la fois philosophique et anthropologique sur le bonheur. Le mystère de l’être humain dans sa relation à Dieu ( anthropologie) éclaire sa recherche du bonheur…
Alors, que faire?
La première chose, et cela concerne chacun d’entre nous : remettre de l’ordre dans nos propres personnes, à l’intérieur de nous. Redonner toute sa valeur à notre » poste de pilotage », car l’homme- contrairement à l’animal qui est en » pilotage automatique par son instinct ou son dressage, l’homme possède le libre-arbitre.
Libre-arbitre et liberté
Remettre de l’ordre dans notre libre-arbitre : le poste de pilotage.
Et le ressenti?
Enfin, troisième niveau : le domaine du corps. Il y a des gens qui ne fonctionnent que dans la pulsion : regardez le nombre de criminels pulsionnels qu’il y a! cela signifie qu’il y a une inversion chez certaines personnes : le corps, avec les pulsions et les émotions, commande, ensuite vient l’affectif, les sentiments : il n’y a plus de place pour l’intelligence et la volonté.
Il faut donc remettre de l’ordre dans nos personnes. Et cela concerne tous le monde ! Je dis souvent aux jeunes : » Apprenez à vous piloter, vous verrez, cela fait du bien! N’ayez pas peur d’entraîner aussi votre volonté et votre intelligence! »
La vie morale, c’est une réalité!
Fondements anthropologiques : mode d’emploi de l’homme.
Savez-vous qui a employé cette expression dans ce sens? Un certain Joseph Ratzinger, en 1985. Cela figure dans le livre d’entretiens qu’il a eus avec un journaliste italien, Vittorio Messori. Notre futur pape y disait ceci : » J’ai l’impression que les gens ont perdu le mode d’emploi de l’homme. » ( Joseph Razinger, Vittorio Messori, Entretiens sur la Foi, paris, Fayard, 1985.)
Aujourd’hui, on a cette chance d’avoir des sociologues scientifiques, réalistes- particulièrement en pays anglo-saxons, car dans les pays latins, ils sont vite idéologues et cherchent à démontrer une thèse; mais il y a quelques bons socialogues anglo-saxons…en France, j’en ai rencontrés. J’ai participé à une émission de TV, sur KTO, avec l’un d’eux, Michel Fize, sociologue de la famille; de mon côté, j’avais écrit un livre sur la famille et l’éducation ( Les neufs fondamentaux de l’éducation.) KTO nous avait invités tous les deux et nous étions vraiment sur la même longueur d’onde…même si culturellement M. Fize est très » siècle des Lumières », ce qui n’est pas mon cas : je suis franchement catholique! Nous nous sommes cependant très bien entendus sur le sujet que nous traitions. Pourquoi? Parce que les sociologues scientifiques énoncent des réalités concrètes et démontrent qu’on ne peut pas faire n’importe quoi avec l’homme…regardez les fruits du déni actuel : la séparation des couples, la violence…tout ceci est lié au fait que l’on a perdu le mode d’emploi de l’homme, une conception de l’homme cohérente, ce qu’on appelle l’anthropologie, dont la loi naturelle est une des bases. La loi morale s’incrit dans cet ensemble à retrouver, elle est donc une réalité incontournable à laquelle on se doit de prêter la plus grande attention!
Et la vie spirituelle?
Il faut aussi redonner le goût de l’effort : s’obliger à faire des choses pas forcément faciles…demandez aux artistes de haut niveau : leurs réussites sont le fruit d’un immense travail ! Ils sont tous des » bosseurs » car ils savent que s’ils cessent de toujours chercher à faire mieux, ils seront perdus…
La vie spirituelle est importante, mais elle s’appuie fortement sur les autres domaines dont nous avons parlé : le travail et l’amour. Lorsque je parle aux jeunes, je leur propose d’embarquer dans ce que j’appelle » la fusée du bonheur » :
– L’étage du bas, qui pousse tout, c’est le travail; c’est incontournable, et de surcroît, cela permet de vivre dans la dignité, ce qui n’est pas négligeable !
– L’étage du milieu, c’est le don de soi : tout ce qui touche à l’amitié, l’amour, la solidarité, le souci des autres, le caritatif…
– L’étage supérieur, c’est la vie spirituelle : lorsque les deux autres domaines sont stables, on peut avoir une vraie relation avec ce Dieu d’amour. Mais le soubassement des deux autres étages est nécessaire.
Père Y. Bonnet;