Que dire à l’accompagné qui commence à découvrir qu’il ne peut se sauver lui-même ?
Une étape de la vie spirituelle consiste dans la découverte que l’homme ne peut se sauver lui-même, mais surtout que JE ne peux me sauver moi-même! Parfois, l’âme en vient à dire, comme dans le psaume : » Sauve-moi de ce désastre! » , et il ne s’agit pas d’une découverte de soi psychologique, de défauts naturels, mais de la découverte fondamentale qu’on ne fait pas le bien que l’on voudrait , mais plutôt le mal que l’on ne voudrait pas, selon le mot de saint Paul.
Les citations suivantes de saint Claude la Colombière, apôtre du Sacré Coeur, s’adressent donc à ceux qui connaissent de l’intérieur cette étape nécessaire mais risquée, car elle est aussi une période de tentation de désespoir masqué, face au réel des méandres du coeur humain, de tentation d’oublier le réel divin du Salut .
Rien n’est capable d’épuiser la Miséricorde du Sacré Coeur
» Si j’étais à votre place, voilà comment je me consolerais. Je dirais à Dieu avec confiance : Seigneur, voici une âme qui est au monde pour exercer votre admirable miséricorde, et pour la faire éclater en présence du Ciel et de la terre. Les autres vous glorifient en faisant voir quelle est la force de votre grâce, par leur fidélité et leur constance, comme vous êtes doux et libéral envers ceux qui vous sont fidèles.
Pour moi, je vous glorifierai en faisant connaître combien vous êtes bon envers les pécheurs et que votre miséricorde est au-dessus de toute malice, que rien n’est capable de l’épuiser, que nulle rechute, quelque honteuse et criminelle qu’elle soit, ne doit porter un pécheur au désespoir du pardon. Je vous ai grièvement offensé, ô mon aimable Rédempteur ; mais ce serait bien encore pire si je vous faisais cette horrible outrage de penser que vous n’êtes pas assez bon pour me pardonner. » ( Saint Claude la Colombière, cité par Georges Guitton, édition Fidélité, p 179)
Claude la Colombière et Thérèse de Lisieux
Un autre passage de Saint Claude la Colombière annonce la Doctrine d’Amour de Thérèse de Lisieux et réconforte toute âme :
» Voilà une confiance vraiment digne de Dieu, qui bien loin de se laisser abattre par la vue de ses fautes, se fortifie, au contraire, dans l’idée infinie qu’elle a de la bonté de son Créateur. La confiance qu’inspirent l’innocence et la pureté de la vie ne donne pas, ce me semble, une bien grande gloire à Dieu car est-ce donc tout ce que peut faire la miséricorde de notre Dieu que de sauver une âme sainte qui ne l’a jamais offensé ? Il est certain que, de toutes les confiances, celle qui honore davantage le Seigneur, c’est celle d’un pécheur insigne qui est si persuadé de la miséricorde infinie de Dieu, que tous ses péchés ne lui paraissent que comme un atome en présence de cette miséricorde… » ( Sixième médidation sur la Passion, Claude la Colombière, cité par G. Guitton, op. cité, p 180)