Les causes secondes libres malveillantes et la Providence.

Un des mystères de la croissance spirituelle est que la Providence de Dieu peut « retourner » en notre faveur des évènements négatifs pour notre conversion.

 


Détachement…

Le père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus, déclaré vénérable par Benoît XVI, fondateur de Notre Dame de Vie.

Le père Marie-Eugène de l’Enfant Jésus, déclaré vénérable par Benoît XVI, fondateur de Notre Dame de Vie.
Il existe des causes secondes ( des actions qui ne sont pas Dieu Lui-même) dont les conséquences sur notre vie sont négatives et…ne pourront être changées en positif en elles-mêmes : un accident, un malheur, une catastrophe naturelle. Ces causes et leurs conséquences font partie de ce que nous appelons le mal. Et ce mal, même par des procédés plus ou moins volontaristes, ne pourra être être nommé bien. Ainsi, tout un mouvement qui a voulu  » louer Dieu même pour les événements négatifs qui m’arrivent » peut scandaliser la raison et la logique.

Mais Dieu ne nous laisse pas démunis face au mal, qu’Il a affronté et assumé par la Croix :  » Je suis vainqueur du Mal ». L’expression  » tirer un bien du mal », « changer en bénédiction un mal » doit être comprise au niveau spirituel comme occasion de conversion. L’événement, le fait, ses conséquences, ne seront peut-être pas changées et ne changeront pas de nature. C’est nous-mêmes qui nous convertissons et changeons.

Ainsi, un malheur permettra un détachement : un accident imprévisible, une maladie, sera l’occasion de changer, de mettre la priorité sur d’autres aspects de la vie, etc.


Conversion : le palier de la Foi

Certaines causes secondes sont libres, et malveillantes : il est plus difficile d’être confronté à l’absurdité du mal qui vient d’un être humain : trahison, violences, etc. Dieu va-t-Il nous laisser seuls face au mal qui vient de sa créature…et de notre propre péché ? La psychologie va tenter de soigner les répercussions psychiques, mais qui expliquera le sens profond, surtout lorsqu’il n’y a pas de guérison au sens humain ( assassinat…)?

La conversion est le palier de la Foi. Voici ce que disait le père Marie-Eugène de l’Enfant Jésus ( Je veux voir Dieu, p 608, ed. du Carmel):

 » C’est ainsi que notre foi découvre plus aisément la causalité première de Dieu dans un accident dû à des causes naturelles que dans celui qui est le fruit de la malveillance. Nous oublions que la Sagesse Eternelle se joue des obstacles qu’elle transforme en moyens, que, pure et simple, elle pénètre et utilise avec la même aisance pour la réalisation de ses desseins la liberté de la volonté humaine et le déterminisme des causes naturelles . Elle opère, comme en se jouant, à travers le monde, et c’est dans son action auprès des hommes qu’elle trouve ses plus beaux triomphes. Ludens in orbe terrarum…deliciae meae cum filiis hominum. ( Prov, 8, 30-31). C’est aussi dans l’action de Dieu, à travers et par les causes secondes humaines, que notre foi amoureuse trouvera ses triomphes les plus profitables et les plus fréquents. »


Les situations providentielles.

La conversion et la sanctification peuvent trouver beaucoup de matériau dans le donné de la vie courante, habituelle. On cherche souvent des situations providentielles « extra-ordinaires », dans une quête de signes pour un chemin de sainteté…
En réalité, il peut en résoudre une fuite des situations permises et données par la Providence, dans le réel :

 » (…) Un événement passe et son influence est ordinairement limitée. Une situation , par définition, reste, et s’impose. Elle nous est une source plus abondante de lumière et de grâce pour la réalisation des desseins de Dieu. Le milieu familial dans lequel nous avons été élevés, l’éducation reçue, telle qualité naturelle, telle déficience physique ou morale, une impuissance habituelle peuvent fixer la vocation d’une âme et lui apporter des grâces efficaces de sainteté. » ( idem op.cit)

Ainsi, pour notre monde moderne, pour les sciences psychologiques, il faut transformer, guérir, changer le réel. Ce chemin est celui , normal, de la santé physique et psychique, avec ses limites et ses espoirs. Mais en même temps, et à un autre niveau, Dieu nous invite à une conversion au moyen de toute son action providentielle. A travers les  » causes secondes libres », Il se laisse entrevoir et nous indique le chemin de la Croix et de la Résurrection sans attendre. Ainsi, notre compréhension des événements, si souvent humaine, psychologique, se détache peu à peu de sa volonté propre, contrecarrée souvent par Dieu au travers de sa Providence, mais toujours pour nous sauver, nous protéger du péché, nous éclairer intérieurement sur nos désirs faussés, notre contre-façons de la sainteté, et nous ramener à Lui…Le père marie-Eugène disait aussi :  » L’Esprit Saint m’a souvent contredit, mais c’était toujours pour un mieux ».

Les causes secondes libres malveillantes et la Providence.
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