Faire la volonté de Dieu est la motivation de l’accompagnement spirituel. Saint Maxime le Confesseur, spécialiste de la question de la volonté du Christ Homme-Dieu nous éclaire sur la question. Benoît XVI dans son livre » Jésus de Nazareth » expose et éclaire cette question toujours et plus que jamais actuelle.
La volonté de Dieu va-t-elle s’opposer à la notre ?
» Dans les grandes luttes qui se sont développées après Chalcédoine spécialement dans le milieu bizantin, il s’agissait essentiellement de la question suivante : si en Jésus il n’y a qu’une unique personne divine qui embrasse deux natures, qu’en est-il alors de la nature humaine ? Est-ce qu’elle peut, soutenue par l’unique personne divine, subsister vraiment comme telle dans sa particularité et dans son essence ? Est-ce qu’elle ne doit pas nécessairement être absorbée par le divin, au moins dans sa partie la plus élévée, dans sa volonté ? Ainsi, la dernière grande hérésie christologique s’appelle « monothélisme ». En s’en tenant à l’unité de la personne-affirme-t-on-il ne peut exister qu’une unique volonté; une personne avec deux volontés serait schizophrène : la personne, en fin de compte, se manifeste dans la volonté, et il n’y a qu’une seule personne, alors il ne peut n’y avoir qu’une seule volonté. Contre cette affirmation surgit cependant cette question : quel genre d’homme est celui qui ne possède pas une volonté humaine propre ? Un homme sans volonté est-il véritablement un homme ? Dieu s’est-il fait homme en Jésus si cet homme n’avait pas une volonté? »
A partir de la création, la volonté humaine est orientée vers la volonté divine.
Benoît XVI va plus loin et donne la clé pour comprendre ce qu’est l’adhésion de la volonté humaine à la volonté divine, en passant par une christologie claire.
» Dans l’adhésion à la volonté divine, la volonté humaine trouve son achèvement et non sa destruction ».
Ici, le texte de Benoît XVI montre une alliance complète entre anthropologie théologique, christologie et sciences humaines :
» Cette dualité irrécusable en Jésus d’un vouloir humain et d’un vouloir divn ne doit pas, toutefois, conduire à la schizophrénie d’une double personnalité. C’est pourquoi nature et personne doivent être considérées chacune selon le propre mode d’être. Ce qui veut dire qu’il existe en Jésus la » volonté naturelle » de la nature humaine, mais qu’il n’y a qu’une seule » volonté de la personne », qui accueille en elle la » volonté naturelle ». Et cela est possible sans destruction de l’élément essentiellement humain, parce que, à partir de la création, la volonté humaine est orientée vers la volonté divine. Dans l’adhésion à la volonté divine, la volonté humaine trouve son achèvement et non sa destruction «
Coopération à la volonté de Dieu ou opposition ?
Reprenons le texte de Benoît XVI :
» Dans l’adhésion à la volonté divine, la volonté humaine trouve son achèvement et non sa destruction. Maxime dit à ce propos que la volonté humaine, selon la création, tend à la synergie ( la coopération) avec la volonté de Dieu, mais à cause du péché, cette synergie s’est transformée en opposition. L’homme qui trouve l’accomplissement de sa volonté dans son adhésion à la volonté de Dieu, sent alors sa liberté compromise par la volonté de Dieu. Il voit dans le » oui » à la volonté de Dieu non pas la liberté d’être pleinement lui-même, mais une menace pour sa liberté, et il y oppose alors sa résistance. »
Adhésion de la volonté et libération du péché par le Christ.
» Le drame du mont des Oliviers consiste en ce que Jésus ramène la volonté naturelle de l’homme de l’opposition à la synergie et rétablit ainsi l’homme dans sa grandeur. Dans la volonté humaine naturelle de Jésus est en quelque sorte présente en Jésus lui-même toute la résistance de la nature humaine contre Dieu. Notre obstination à tous, toute l’opposition à Dieu est là, et Jésus entraîne dans son combat la nature récalcitrante vers le haut. »
Dans l’obéissance du Fils
» Christophe Schônborn dit à ce propos que » le passage de l’opposition entre les deux volontés vers leur communion se réalise par la Croix de l’obéissance. Dans l’agonie de Gehsémani ce passage s’accomplit » ( Christuns-ikone, p 131). Ainsi la prière » non pas ma volonté, mais la tienne » ( Lc 22, 42) est vraiment une prière du Fils au Père, dans laquelle la volonté humaine naturelle a été totalement attirée à l’intérieur du » Je » du Fils, dont l’essence s’exprime justement par ce » non pas moi, mais toi » dans l’abandon total du « Moi » au » Toi » de Dieu le Père. Ce » Moi », toutefois, a accueilli en lui l’opposition de l’humanité et l’a transformée, si bien que maintenant dans l’obéissance du Fils, nous sommes tous présents, nous sommes entraînés dans la condition de fils ».
Le Christ a donc accompli le Salut qui ne pouvait s’accomplir que par Lui. Par le Christ, unique Sauveur, » dans l’adhésion à la volonté divine, la volonté humaine trouve son achèvement et non sa destruction ».