L’anthropologie chrétienne est centrée sur la connaissance de l’homme, dans sa relation à Dieu. Elle permet de mieux comprendre la théologie catholique avec laquelle est est en lien et de défendre les valeurs chrétiennes les plus précieuses dans le concret de la vie. C’est le lien avec la vie sociale et politique, donc avec la Doctrine sociale de l’Eglise. C’est pourquoi nous classons cet article à la fois dans la rubrique Anthropologie et dans la rubrique Doctrine Sociale.
Le primat de l’amour : une donnée anthropologique chrétienne.
Il n’est pas dans notre propos de traiter ici tout ce
qui concerne les questions liées à la procréation. Mais il est toujours nécessaire de rappeler que la civilisation de l’amour ne peut être fondée que sur le primat de l’amour. Le don de la vie doit toujours être issu d’un acte d’amour de l’homme et de la femme, englobant toute leur personne, corps et âme, sentiments et responsabilités. Quand cette vie a été initiée, elle ne peut plus être l’objet de considérations économiques, utilitaristes ou scientifiques. Cette vie est devenue un sujet, qui doit être accompagné par l’amour vigilant des procréateurs et de toute la société. Le pape Jean-Paul II reprend donc l’expression » structure de péché » pour qualifier une société qui, au nom d’une conception erronée de la vie, développe une civilisation de mort.
La famille et les droits de l’homme.
Il est facile de voir que cette vie, initiée par l’union d’un homme et d’une femme, a en vertu de son éminente dignité d’enfant de Dieu, le droit de disposer de tout ce qui est nécessaire au développement total de la personne humaine, droit donc à une vie familiale, à une vie religieuse, à une éducation spirituelle, morale, affective, culturelle, professionnelle, sociale, etc…Ne nous étonnons pas que la doctrine sociale de l’Eglise ait abordé tous les droits légitimes de la personne humaine et qu’elle ait également mis au premier rang des préoccupations soci-politiques la famille, cellule de base de toute société, la mieux adaptée à veiller sur le développement harmonieux de la personne. De fait, pour pouvoir tenir son rôle, la famille doit pouvoir choisir une école qui lui convient, elle doit avant cela même avoir le droit d’être fondée sur le mariage et la fidélité des époux l’un envers l’autre, avoir le droit à procréer de façon responsable des enfants sans qu’on la rationne, avoir la possibilité économique de vivre dignement et enfin de disposer de la liberté religieuse, politique, etc….Il est indispensable de préserver les droits de la Famille pour pouvoir éduquer les enfants à l’Amour Durable.
La protection des droits de la famille, rempart contre les totalitarismes socio-politiques
Finalement, on voit bien que tout est lié à la nature de l’homme. Si on se trompe sur la nature de l’homme, il y a toutes chances que l’on bâtisse une société qui devienne rapidement un enfer. Si l’idéologie communiste a été déclarée intrinsèquement perverse, ce n’est pas seulement en raison de son athéisme dit » scientifique », mais aussi en raison de son totalitarisme socio-politique qui empêchait notamment la famille de rester responsable première du développement humain de ses enfants dans tous les domaines. Nous citons ici un passage de Benoît XVI dans son livre Jésus de Nazareth ( Tome I, Flammarion, p 367) qui retrace l’historique de cette incompatibilité entre l’Eglise et les totalitarismes soci-politiques, lorsque le titre divin de Jésus, fils de Dieu, s’oppose à la déification de tout empereur ou système totalitaire :
» La foi chrétienne, en elle-même apolitique, ne revendique pas le pouvoir politique, mais elle reconnaît l’autorité légitime ( Cf Rm 13, 1-7). Dans le titre de » fils de Dieu », elle se heurte inévitablement à la revendication du caractère totalitaire du pouvoir politique impérial et elle se heurtera toujours à toutes les puissances politiques totalitaires ; elle poussera alors au martyr en raison de la situation, en communion avec le Crucifié, qui règne, lui, uniquement » par le bois ».
L’atout de la Doctrine sociale de l’Eglise.
La doctrine sociale de l’Eglise est donc en symbiose avec le droit de la famille, enjeu premier des aspirations totalitaires politiques ou économiques. D’où l’intérêt des papes pour la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, dans la mesure où justement elle est globalement en cohérence avec la loi naturelle. Ainsi, quand les droits de l’homme et les droits de la famille sont protégés, ils se diffusent par cercles concentriques depuis la cellule familiale jusque dans toutes les structures de la société. La Doctrine Sociale de l’Eglise est le lieu le meilleur de protection des droits de la Famille. D’où l’urgence pour les catholiques, les pères et les mères de famille, de lire le compendium de la Doctrine sociale.
Père Y. Bonnet