Je suis catholique, je ne confonds pas le psy et le spi
L’âme sensible, interface entre corps et esprit
Pour répondre à cette question, il faut d’abord rappeler la complexité de l’être humain, union d’un esprit fait à l’image de Dieu et d’un corps pourvu de « capteurs » d’information, sur tout ce qui l’environne. Cette union fait que notre esprit – doué de libre arbitre pour nous permettre d’agir par et pour l’amour – communique avec ce corps par une sorte d’interface, l’âme sensible, qui exprime les réactions biologiques en émotions, pulsions, ressentis et les transforme (voir les pérennise) en sentiments plus durables.
Depuis le péché originel, cette « chaîne » – esprit, doué d’intelligence et de volonté, pourvu de mémoire et d’imagination, – âme sensible, siège de l’affectivité, et – corps biologique, siège de réactions physico-biochimiques, cette « chaîne » donc, n’est plus harmonieusement cohérente.
L’intelligence ne discerne pas toujours le bien, la volonté ne s’oblige pas toujours au bien, la sensibilité s’exacerbe, l’affectivité n’est plus ordonnée, le corps n’est pas bien traité ou devient un tyran anarchique. Prise entre l’esprit et le corps, l’âme sensible fait très souvent les frais de nos désordres mais aussi des désordres de notre entourage, de la société dans laquelle nous vivons, des blessures psychologiques reçues au cours de notre histoire personnelle.
N’oublions pas le grand méconnu des sacrements, le sacrement de réconciliation
Le recours au « psy » est devenu un véritable phénomène de société, qui fait oublier à beaucoup qu’il faut prendre soin de son corps (hygiène de vie, maîtrise des pulsions) et de son esprit fait à l’image de Dieu (prière, usage sans modération des sacrements et notamment du grand méconnu, celui de la réconciliation avec le Créateur…et avec soi même !). Faut-il négliger le psy pour autant ? non bien sûr, mais, à certaines conditions.
Bien choisir le » psy » !
Ils peuvent aider notre « âme sensible qui a des bleus »
Et puis, il y a des psychanalystes et des psychologues qui, par aveuglement ou par intérêt, font croire au patient qu’il faut inlassablement rechercher les causes de nos blessures pour espérer les guérir. Qu’ils puissent aider à découvrir ces blessures, en parler, à retrouver effectivement leur origine dans notre histoire personnelle, est bien réel : notre âme sensible a des « bleus », comme disait joliment Françoise Sagan, et il est souhaitable de ne pas appuyer dessus ou de s’en refaire un lot par ignorance. Mais la guérison spirituelle est encore plus importante, Dieu seul peut l’opérer et l’analyse » psy », mal utilisée, ou dévoyée, peut nous en détourner. De plus, cette guérison spirituelle concernant l’âme spirituelle, et non pas l’âme sensible, il n’est pas nécessaire de passer par une guérison psychologique pour devenir saint. ( Même si on souhaite diminuer légitimement la souffrance psychique, tout comme on souhaite diminuer une souffrance physique. Le rôle du médecin, et celui du psy relèvent des sciences humaines, et ne concernent pas le spirituel. On ne canonise pas les saints pour la perfection de leur santé physique ou psychologique mais pour l’héroïcité de leur vertus et leur charité.)
Hygiène de l’âme : amitié, échange, écoute, beauté…
En conclusion, il faut bien dire que le besoin d’un psychanalyste n’est pas universel et qu’il dépend beaucoup de la situation particulière et de l’histoire de chacun. La grâce, nous dit Saint Thomas d’Aquin, ne fait pas l’économie de la nature et, dans la nature humaine, il y a le corps et l’âme sensible. De même que l’hygiène de vie est une nécessité, que nous rappelle parfois brutalement un accident de santé, un coup de surmenage, voire un accident tout court, chute, collision, etc. liés à une baisse de concentration, l’hygiène de l’âme sensible est également une nécessité. Cette hygiène de cette âme sensible passe par le soin de notre vie affective, et notamment de l’amitié, des échanges, de l’écoute réciproque, de l’émerveillement devant la beauté. Enfin, il y a en quelque sorte une hygiène des facultés qui conditionne le bon usage de notre libre arbitre, formation de l’intelligence à la recherche du vrai, éducation de la volonté par l’effort, travail de la mémoire et maîtrise de l’imaginaire. Bref, l’éducation « tous azimut » peut aider à ne pas abuser du « psy » sous toutes ses formes.