Bref , très bref aperçu historique…
Les saints » fondateurs » et la direction spirituelle en vue d’une oeuvre : un type particulier d’accompagnement !
De cette catégorie de saints » couples » est née une déformation de l’accompagnement dont il convient de se méfier, mêlée du désir d’extraordinaire : avoir un » père spirituel » à qui tout demander de façon magique, être de ces saints » fondateurs » de mouvements ou bien de congrégations au destin exceptionnel qui rencontrent leur accompagnateur par un miracle forcément providentiel….sur le prototype de saints ayant réellement, eux, bénéficié de grâces exceptionnelles en vue de leur mission, comme par exemple sainte Faustine qui avait vu en rêve le portait de l’abbé Sopocko ( voir un peu plus bas). Mais voilà, il s’agit de grâces exceptionnelles.
L’affectif, chez le fidèle dont la mission n’est pas » particulière » peut prendre le pas sur le réalisme de la vie quotidienne, sachant que les véritables co-fondateurs partagent une même croix souvent bien lourde et ne se voient pas tous les quinze jours pour faire le point ! Un très bel exemple authentique d’un accompagnement en vue d’une oeuvre commune est celui de sainte Faustine et de l’abbé Michel Sopocko. Confesseur et directeur spirituel de soeur Faustine, l’abbé Sopocko, béatifié en 2008, aida la sainte dans le discernement de ses visions et ensuite se fit le serviteur de l’oeuvre de la divine Miséricorde. Ce mode d’accompagnement spirituel, en vue d’une oeuvre, d’une fondation, ne se décide pas de soi-même et reste très particulier, il ne s’agit pas de l’accompagnement spirituel classique des âmes des fidèles, mais d’une modalité particulière dont on ne peut faire ni un modèle à reproduire, ni une généralité. Nous citons soeur Faustine parlant de l’abbé Sopocko dans des extraits qui montrent la particularité de ce type d’accompagnement. Souvent, le saint directeur spirituel est un appui indispensable de discernement au for interne et un garant au for externe auprès des supérieurs ou autorités légitimes de l’âme à qui Dieu a confié une mission particulière.
“Quand parlais avec le directeur de mon âme, je perçus intérieurement, son âme en proie à une grande souffrance, à un supplice tel que rares sont les âmes que Dieu touche d’un pareil feu. Cette œuvre en était la cause. Un jour viendra où cette œuvre tant recommandrée par Dieu paraîtra presque totalement détruite – et alors Dieu commencera à agir avec une grande force qui témoignera de sa vérité. Cette œuvre donnera une nouvelle splendeur à l’Église, bien qu’elle y existe depuis longtemps déjà.
Personne ne peut nier que Dieu est infiniment miséricordieux; Il désire que tout le monde le sache; avant qu’Il ne revienne comme Juge, Il veut que les âmes Le connaissent d’abord comme Roi de miséricorde.
Quand viendra ce triomphe, nous serons déja dans cette vie nouvelle où il n’y a plus de souffrance, mais avant cela, «ton âme sera abreuvée d’amertume devant l’anéantissement de tes efforts.» Cependant cet anéantissement ne sera qu’apparent, car Dieu ne change pas ce qu’Il a une fois décidé; mais bien que l’anéantissement ne soit qu’apparent, pourtant la souffrance sera bien réelle. Quand cela arrivera-t-il – je ne le sais pas; combien de temps cela durera-t-il – je l’ignore” (PJ 378).
“Jésus, cette affaire est Tienne, pourquoi agis-Tu de la sorte envers lui? Il me semble que Tu lui suscites des difficultés, tout en lui ordonnant d’agir. Écris que nuit et jour Mon regard repose sur lui et que si je permets ces contrariétés, c’est pour augmenter ses mérites. Ce n’est pas la réussite que je récompense, mais la patience et la peine prises pour Moi” (PJ 86).
On peut devenir saint sans accompagnateur spirituel…mais on ne devient jamais saint tout seul.
Quand se présente une période sans accompagnateur spirituel, il est bon de prier pour en avoir un, de chercher, mais pas de forcer la Providence pour se » mettre en règle » de façon artificielle avec une quelconque obligation d’accompagnateur. Certains accompagnateurs aiment que les accompagnés se prennent en main et se conduisent en adulte, sans toujours recourir à leur accompagnateur, certains recommandent une rencontre tous les 6 mois, d’autres tous les ans, d’autres se contentent de lettres, d’autres nécessitent des rencontres tous les mois… selon la grâce et le tempérament des âmes, il y a une grande variété de la part de l’Eglise et de l’Esprit saint dans la conduite des âmes, et cette variété est bonne. Ne serait-ce qu’à commencer par la différence entre le directeur spirituel, le père spirituel, l’accompagnateur spirituel, là aussi la liberté des enfants de Dieu permet des différences dont l’existence est somme toute rassurante. Il n’en reste pas moins que la grâce d’avoir un accompagnateur spirituel se demande…et lorsqu’elle est accordée, il est bon d’en connaître l’importance et la valeur. On ne devient jamais saint tout seul, la communion des saints nous rappelle l’intercession des saints depuis le ciel, et la valeur de la prière des autres sur terre pour nous. L’accompagnateur spirituel exerce une modalité toute particulière et précieuse de la communion des saints. Sa présence dans une vie est une aide de l’Esprit Saint et une grande grâce que l’on peut souhaiter à tous.
Benoît XVI nous rappelle l’importance d’avoir un guide spirituel.
« Parmi ces derniers – comme je l’ai déjà dit – ressort saint Jean Bosco, dont il fut le directeur spirituel pendant 25 ans, de 1835 à 1860 : d’abord comme enfant de chœur, puis comme prêtre et enfin comme fondateur. Tous les choix fondamentaux de la vie de saint Jean Bosco eurent comme conseiller et guide saint Joseph Cafasso, mais de manière bien précise : Joseph Cafasso ne tenta jamais de former en don Bosco un disciple « à son image et ressemblance » et don Bosco ne copia pas Joseph Cafasso : il l’imita assurément dans les vertus humaines et sacerdotales – le définissant un « modèle de vie sacerdotale » – , mais en suivant ses propres inclinations personnelles et sa vocation particulière ; un signe de la sagesse du maître spirituel et de l’intelligence du disciple : le premier ne s’imposa pas au second, mais le respecta dans sa personnalité et il l’aida à lire quelle était la volonté de Dieu pour lui. Chers amis, c’est là un enseignement précieux pour tous ceux qui sont engagés dans la formation et l’éducation des jeunes générations et c’est aussi un fort rappel de l’importance d’avoir un guide spirituel dans sa propre vie, qui aide à comprendre ce que Dieu attend de nous. Avec simplicité et profondeur, notre saint affirmait : « Toute la sainteté, la perfection et le profit d’une personne consiste à faire parfaitement la volonté de Dieu (…). Nous serions heureux si nous parvenions à verser ainsi notre cœur dans celui de Dieu, unir à ce point nos désirs, notre volonté à la sienne au point de former un seul cœur et une seule volonté : vouloir ce que Dieu veut, le vouloir de la manière, dans les délais, dans les circonstances qu’Il veut et vouloir tout cela pour aucune autre raison que parce que Dieu le veut »