4) : Quand changer d’accompagnateur spirituel ?
On est toujours libre !
St Jean Baptiste montre l’Agneau de Dieu et s’efface devant le Christ.
Une des caractéristiques de l’Eglise est dans le respect de la liberté. Ainsi, on est toujours libre de changer d’accompagnateur spirituel.
Bien sûr, cela ne se fait pas sur un coup de tête ( même si cela reste possible!).
Le mieux, avant de changer, est de dialoguer avec lui pour exposer ses raisons, voir s’il n’y a pas une tentation de fuite face à une exigeance de sanctification, ( un accompagnateur avec une certaine exigeance est une bonne chose.)
Bien sûr, cela ne se fait pas sur un coup de tête ( même si cela reste possible!).
Le mieux, avant de changer, est de dialoguer avec lui pour exposer ses raisons, voir s’il n’y a pas une tentation de fuite face à une exigeance de sanctification, ( un accompagnateur avec une certaine exigeance est une bonne chose.)
Des raisons objectives.
Il arrive qu’un accompagnateur soit malade, fatigué, surmené, surchargé, ou muté très loin…une fois encore, le dialogue avec lui va éclairer la situation et déterminer s’il faut changer pour des raisons tout simplement pratiques et de bon sens ou si une solution peut être trouvé. Il est bon de ne pas laisser s’espacer les rencontres sans poser la question, même si on a crainte de froisser l’accompagnateur. S’il est un vrai saint Jean-Baptiste, il laissera partir l’accompagné sans le retenir ou forcer les circonstances. La situation peut n’être que passagère, les moyens modernes de communications peuvent prendre le relais, mais il est vrai que rien ne remplace le contact personnel à un rythme établi ensemble et régulier. L’accompagnateur devra alors se détacher de son accompagné, sans se croire mis en cause personnellement! Il arrive aussi qu’à un certain degré de vie spirituelle, l’accompagné doive changer d’accompagnateur pour en trouver un dont la compétence s’accorde avec la nouvelle étape spirituelle que vit l’accompagné. Ce passage necéssite beaucoup d’humilité et de discernement de la part de l’accompagnateur et est décrit par saint Jean de la Croix qui eut à dénoncer l’incompétence et l’orgueil des accompagnateurs spirituels de son temps.
Réception d’un choix de vie.
Il arrive qu’un accompagnateur soit depuis longtemps au for interne avec une personne, et que par le concours des circonstances, en particulier un apostolat créé en commun, une vocation dans la même communauté, une responsabilité ecclésiale nouvelle, accompagnateur et accompagné se retrouvent au for externe. Par exemple lors d’un choix de vie dans une communauté fréquentée depuis longtemps sans engagement au départ puis de plus en plus, l’accompagnateur va se trouver dans une position délicate mêlant le for interne et le for externe. Ou bien lorsqu’un maître des novices devient supérieur : comment bien respecter la liberté de l’accompagné et ne pas devenir juge et partie, bref bien respecter la séparation des fors? il peut alors être important de changer d’accompagnateur, afin de faire vérifier par un tiers qu’il n’y a pas eu une forme d’osmose pour attirer à soi ou à son propre projet l’accompagné, bref s’assurer un regard objectif qui vienne confirmer ou infirmer le choix dans l’Esprit Saint ; sans cela, on court le risque de la manipulation consciente ou inconsciente des décisions de l’accompagné.
La ligne de démarcation for interne/for externe.
Lorsqu’un fidèle, quel qu’il soit, doit faire un choix de vie pour un temps ou définitivement ( vocation, mariage, engagement pastoral), lorsqu’il doit prendre une décision importante, l’autorité hiérarchique, religieuse, communautaire, pastorale, qui reçoit ce choix, et à qui il revient d’accepter ce choix en le ratifiant, ( entrée en religion, dans une communauté, dans une communion d’apostolat, dans une association chrétienne, etc) représente le for externe. Cette autorité au for externe n’a pas à consulter les personnes représentant le for interne, même non sacramentel, sauf si le fidèle l’y a autorisé dans un cadre précis et confidentiel. C’est le fidèle lui-même qui, avant de s’adresser au for externe pour lui faire une demande, doit consulter son for interne et lui permettre éventuellement de donner un avis aux autorités du for externe.
Si un accompagnateur n’est pas respectueux de l’ordre et de la liberté dans laquelle se fait cette démarche de choix de vie, il est alors nécessaire et légitime de changer d’accompagnateur.
Un accompagnateur spirituel qui interfère dans la vie familiale, professionnelle…
Si un accompagnateur spirituel se met à interférer dans la vie familiale, professionnelle, relationnelle d’un accompagné, même avec l’accord de celui-ci, il y a une main mise sur la vie concrète de l’accompagné, qui n’est plus libre de prendre ses décisions seul et est sous la dépendance concrète des interventions de son accompagnateur, ainsi qu’à la merci de tous les dérapages et de toutes les interprétations partiales par manque d’objectivité ( gare spécialement à ceux qui se mêlent des affaires d’argent) , de recul, quand il ne s’agit pas de prise de pouvoir interessé à la façon de Tartuffe. Mieux vaut changer avant de tomber sous la coupe d’un gourou domestique, semeur de zizanie et de conflits!
Et surtout ne pas changer…
Surtout ne pas changer d’accompagnateur quand on a la grâce inestimable d’un avoir un qui accompagne dans la prière, le respect des points évoqués ci-dessus, l’obéissance à l’Eglise et l’humilité qui mène au Christ ! » Il faut que je diminue, et que lui grandisse » A la manière de saint Jean-Baptiste désignant l’Agneau de Dieu à ses disciples et leur indiquant de suivre le Christ, l’accompagnateur spirituel n’est attaché qu’au Christ, comme st Jean-Baptiste qui non seulement s’efface mais meurt pour son Seigneur. Le martyr de saint Jean-Baptiste est aussi le témoignage ultime de celui qui n’a pas lié ses disciples à sa personne mais les a menés au Christ, tout en suivant lui-même son Maître jusqu’au bout.