Parcours Le rôle de la Vierge marie dans le Salut des Hommes, père Y. Bonnet, in memoriam.

Annonciation : erratum
Chers Amis, une lectrice nous fait remarquer fort justement que « la particularité de cette année est que la solennité des solennités : Pâques a la préséance sur l’Annonciation, qui sera de fait le 9 avril ». Nous ré-envoyons cette lettre de diffusion avec nos excuses pour cette erreur, puisque nous l’avions envoyé pour le 25 mars, que le père Yannik Bonnet excusera aussi de là-haut.

Nous publions un texte moins connu du père Yannik Bonnet sur la Vierge Marie, qu’il avait remanié en 2010. Il n’est plus parmi nous, mais sa voix n’est pas éteinte pour autant, et il serait certainement heureux que soit diffusés ses mots sur Marie qu’il aimait tant.

Parcours Le rôle de la Vierge marie dans le Salut des Hommes, père Y. Bonnet, in memoriam.

Introduction au parcours Le rôle de la Vierge Marie dans le Salut des Hommes. Ce parcours sur Marie nous a été laissé par le Père Bonnet, il l’avait rédigé et remanié en 2010 pour le site Saint Joseph du Web. In memoriam, en cette fête de l’Annonciation. Le parcours comprend 12 articles que nous mettrons en ligne bientôt.

 

Marie ne peut être assez louée

Que la Sainte Vierge ait joué un rôle éminent dans le salut des hommes, voilà qui n’a jamais été contesté au sein de l’Eglise catholique. Que cette histoire du salut se joue actuellement dans chacune de nos âmes et qu’en conséquent la dévotion mariale soit une nécessité, voilà ce que tous les papes contemporains n’ont cessé de nous rapeller depuis plus de cinquante années. Le fondateur même du protestantisme, Martin Luther, écrit en 1533, que pour cette raison  » la créature Marie ne peut être assez louée » ( cité par R. LAURENTIN, la Vierge et le concile, Paris Lethielleux, 1965, p27). 

Pour ceux qui désirent approfondir la relation entre les propos de Luther sur Marie et la doctrine catholique, cliquez : http://www.mariedenazareth.com/1256… 

Le problème des titres donnés à Marie

Toutefois, l’histoire de l’Eglise montre qu’il n’est jamais facile de donner officiellement un titre à la Vierge Marie. Quand le Pape Paul VI promulgua solennellement la constitution dogmatique Lumen Gentium, dont le dernier chapître consacré à la Vierge Marie y avait été intégré non sans d’âpres négociations, (un grand nombre de Pères désirant initialement qu’il y ait un texte distinct traitant du rôle de la Vierge Marie pour que l’importance de celui-ci et la place même de la Mère de Dieu ne s’en trouvent pas minimisés,) il en profita pour proclamer  » Marie Mère de l’Eglise, c’est-à-dire de tout le peuple de Dieu, aussi bien des fidèles que des pasteurs ». Cette proclamation ne souleva pas l’enthousiasme unanime des pères conciliaires et, si elle fut accueillie avec joie en Italie, Espagne, Pologne, le moins qu’on puisse dire est que l’accueil fut réservé dans les milieux catholiques de l’époque en de nombreux pays : l’auteur de ces lignes en a une claire mémoire !

A l’époque de la préparation du concile Vatican II, quelques centaines de Pères souhaitaient une nouvelle définition dogmatique concernant la Vierge Marie et certains proposaient précisément des titres divers, tels que corédemptrice ou des définitions du rôle de Marie par exemple dans la médiation ou la maternité spirituelle. Mais ils n’eurent que peu de succès pour des raisons théologiques. Il fallait attendre le Magistère de Jean-Paul II qui développa tous les points encore imprécis dans la conscience catholique du coup de génie de vatican II et de Paul VI : montrer la place de Marie dans l’économie du salut, toute relative à son divin Fils et tirer les conséquences théologiques profondes de son titre de Mère de l’Eglise. Nous conseillons, pour mieux comprendre, de lire le livre du père Jean-Michel Garrigues, l’Epouse du Dieu Vivant,( editions Parole et Silence, 2000) explication claire de la constitution Lumen Gentium et de la place de Marie dans le salut des hommes. Ou de lire le présent parcours !

Père Y. Bonnet

Comment pouvez-vous dire que tout est grâce? Dernière chronique du P. Y. Bonnet, décédé ce 16 mars 2018

Le père Yannik est retourné vers le Père ce vendredi 16 mars au soir. Il aimait tant saint Joseph…il le fêtera au Ciel cette année. Cette dernière chronique, rédigée juste avant qu’il ne se sache atteint d’un cancer foudroyant, était déjà une forme d’au-revoir. Nous le pleurons et le remercions pour tant de bien qu’il a fait, d’encouragements prodigués et d’amitié partagée.

 

 

 

Comment pouvez – vous dire que tout est Grâce ?
Les chrétiens sont souvent interpelés à propos de cette phrase qui fait partie de la sagesse populaire ….chrétienne.

Et de fait, il est facile de débiter la liste de tout ce qui ne va pas dans notre monde. Le premier reflexe du sage consiste à poser une question à l’interlocuteur : pouvez- vous me dire les critères de jugement dont vous vous servez pour décréter ce qui va et ce qui ne va pas dans notre bas monde ? on peut en effet évaluer l’impact d’un événement ou la valeur d’ une action de bien des façons.

Avant de porter un jugement, il faut toujours prendre le temps d’ analyser la situation, qui peut s’ avérer plus complexe qu’on ne l’imaginait.

Le deuxième réflexe consiste à faire remarquer que nous ne connaissons pas l’avenir et que l’histoire, merveilleuse rallonge à notre courte expérience de la vie, nous montre que c’ est souvent l’imprévisible qui se produit et qui infirme les pronostics optimistes ou pessimistes que nous nous étions aventurés à faire !

Et c’ est à ce niveau que s’opère une différence profonde entre l’incroyant et le chrétien. C’est bien notre Foi qui affirme à notre raison que le Dieu que nous adorons  » est  » Amour, qu’Il ne peut vouloir pour nous que le bonheur pour lequel Il nous a créés, celui d’une vie éternelle où Il nous comblera de sa tendresse infinie. Le chrétien ne méprise pas la vie terrestre mais il sait qu’elle n’ est qu’un passage pour nous conduire à la Vie Eternelle. Il dépend de nous qu’elle nous permette d’accéder à ce Bonheur que, seul, notre Dieu peut nous donner et pour lequel Il s’ est fait homme, allant jusqu’à mourir sur une Croix par pur Amour.

Dans cette perspective, le chrétien convaincu sait bien que sa manière d’évaluer les événements diffère profondément de celle des incroyants. Autant pour ce qui concerne les actes des personnes, il est tout à fait possible de trouver des points de convergence avec les incroyants, car il y a une morale  » naturelle « , accessible à tous les hommes de bonne volonté, autant pour ce qui concerne la  » marche du monde « , c’est beaucoup plus ardu. Car, pour le croyant , l’essentiel est de parvenir à la Vie Eternelle et, de ce fait , il évalue la vie terrestre en fonction de critères religieux, c’est-à-dire de relation avec ce Dieu, qui l’aime au point d’ avoir subi volontairement une souffrance indicible pour le sauver.

Dès lors l’expression « Tout est Grâce  » prend tout son sens : Dieu qui est Amour et pour Lequel le temps n’existe pas agit en permanence pour le salut éternel de ses chères créatures. Ce salut éternel nécessite peut-être des épreuves, qu’à vue humaine nous pensons injustes, insupportables, inhumaines.

Nous oublions que Dieu sait mieux que nous tirer du Bien de ce qui est objectivement un mal : pensons aux horreurs perpétrées pendant les guerres, aux régimes politiques totalitaires et, plus proches de nous, aux horribles  » faits divers  » relatés par nos media. Nombre de drames ont paradoxalement été à l’origine de conversions humainement impensables, ce qui confirme la puissance de la Grâce divine. Je pense au procès des criminels de guerre, à Nuremberg, pendant lequel l’un d’entre eux a vécu un retournement total, approuvant sa condamnation à mort par pendaison en la considérant comme une grâce aussi merveilleuse qu’ imméritée.

La Grâce divine ne fait jamais défaut.

Père Y. Bonnet

Halliday et d’Ormesson :la vie éternelle est-elle toujours la préoccupation première des catholiques ?

La vie éternelle est-elle toujours la préoccupation première des catholiques ?
Le décès récent de deux personnalités, Jean d’Ormesson et Johnny Halliday, m’incline à soulever cette question. Il n’ est pas douteux que ces deux personnes ne concevaient pas que leur mort ne fût pas l’occasion de réunir leurs proches, leurs amis et la foule de leurs admirateurs, dans la célébration religieuse de leurs obsèques. Mais l’interrogation qui m’ est venue concerne la fraction des personnes catholiques touchées, pour une raison ou une autre, par au moins un de ces deux décès : est ce que leur préoccupation première était le salut éternel de ces défunts?

Non qu’il faille être indifférent à la peine de leur famille et de leurs amis, c’est bien évident, mais parce que pour un disciple du Christ, rien n’est plus important que la vie éternelle : au cours des trois années de l’évangélisation, Jésus n’a cessé de le répéter au moyen de paraboles ou d’enseignements clairs comme de l’eau de source !

Quand j’ai perdu, à l’âge de douze ans, mon frère aîné officier, tué en Indochine, jeune marié depuis six mois, bien que je le sache profondément catholique, j’ ai prié prioritairement pour qu’il jouisse de la vision béatifique dans les délais les plus brefs, ce qui ne m’empêchait pas de prier pour sa jeune femme. Cette priorité a été incomprise par certain(e)s de mes proches qui ont préféré penser que, vu mon jeune âge, je ne  » réalisais  » pas la situation ! Eh bien, c’ était inexact, j’ avais beaucoup de peine pour ma charmante belle sœur, mais la vie éternelle de mon aîné me semblait plus essentielle.

Souvent mes amis me disent;  » Mais tu avais probablement déjà la vocation sacerdotale à cet âge ?  » . Erreur, j’ avais déjà la vocation d’être père de famille nombreuse, mais j’avais la Grâce insigne d’avoir une Foi en béton qui ne m’a jamais quitté. La vocation sacerdotale m’est tombée dessus, à Lourdes, pendant le pèlerinage des cancéreux de 1994, dont nous savions, mon épouse et moi, que c’était le dernier qu’elle vivrait avant de retourner au Père. J’ai été le témoin du parcours spirituel de mon épouse pendant les neuf mois qui ont suivi ce pèlerinage, j’ en suis encore ébloui 22 ans plus tard, mais je sais que c’est le verdict médical ( environ neuf mois à vivre ! ) qui a déclenché cette ascension.

Ne pas prêcher sur  » les fins dernières « , en dehors des cérémonies d’obsèques, quand les textes de la messe du jour s’y prêtent , bien sûr , me parait donc être une faute grave, car, c’est le Christ qui le dit : » A quoi sert de gagner sa vie en ce monde, si c’est pour la perdre éternellement dans l’autre ? « . C’est pour nous ouvrir la voie du Bonheur éternel que notre Dieu a donné sa vie sur la Croix : toute personne de bonne volonté peut ainsi venir Le rejoindre pour une Vie de bonheur sans fin.

Ces obsèques religieuses de personnalités connues et appréciées ont l’ immense mérite de rappeler à la France tout entière que Dieu nous a créés pour une vie d’un bonheur ineffable, seul capable de nous combler totalement et éternellement. Comme disait Thérèse Martin : » Non , je ne meurs pas, j’ entre dans la vie. » Ces événements médiatisés constituent également, en quelque sorte, un contrepoids à la  » déferlante  » des laïcistes et de leurs démarches grotesques, comme celle de la Croix de Ploërmel : ils ont de la chance que le ridicule ne tue plus.

Père Y. Bonnet

Non, je ne suis pas pessimiste.

Vous qui êtes prêtre, comment pouvez-vous être aussi pessimiste?
C’est une femme d’une trentaine d’années, mère de cinq enfants, qui m’interpelle ainsi. Je suis un peu surpris car depuis ma rencontre avec Marthe Robin en 1973, je n’ai jamais » rechuté  » dans le pessimisme qui, à l’époque, me pourrissait la vie insidieusement depuis près de dix ans, sans pour autant m’empêcher de me battre, dans le pénible climat  » lutte des classes  » des années soixante.

Ce qu’elle prend pour du pessimisme, c’est mon habitude d’analyser réalistement l’état de mon pays, sans complaisance aucune, je le reconnais, et de m’obstiner à ne pas voir dans le  » macronisme  » actuel une voie de salut pour ma patrie. Et même, avouons le, d’ y percevoir une manière plus habile que celle de ses prédécesseurs pour engager la France dans les chemins tortueux du mondialisme financier, amoral et idolâtre.

Mon interlocutrice est à deux doigts de m’accuser de faire au jeune Président un procès d’ intention. Je proteste avec énergie car il est tout à fait possible que celui-ci soit intimement convaincu que cette voie est la meilleure pour notre pays dans le contexte actuel. La formation qu’il a reçue à l’ENA et la carrière que cela lui a permis l’en ont certainement persuadé et tout a semblé lui sourire dans un contexte politique que beaucoup d’observateurs jugeaient  » bloqué « . Qu’il soit très ambitieux personnellement n’a rien d’un vice rédhibitoire, il faut bien l’être pour accepter une vie où l’on ne s’appartient plus.

Mais, pour celui qui aime profondément la France, qui s’obstine à croire qu’elle ne peut être grande qu’en restant fidèle à sa vocation de fille Aînée de l’Eglise, Emmanuel Macron représente un danger possible, en raison non de sa personne mais du projet qu’il incarne. Bien plus sa prestance, sa jeunesse, son aura d’homme « neuf » non issu de la classe politique précédente, en font un bon prescripteur de la nouvelle médecine.

La jeune femme est un peu embarrassée, car je ne démolis pas la personne de celui pour lequel elle a voté, je ne suspecte pas sa bonne foi et me contente d’affirmer que la voie qu’il incarne est celle d’ un clan mondialiste financier, qui voudrait imposer un projet contraire à la vocation de la France, telle qu’elle s’est affirmée depuis le baptême de Clovis, et pour le respect de laquelle le Roi Louis XVI a donné sa vie. Certes, le peuple français n’a pas vu fondre ses qualités foncières depuis 1792 et il les a montrées en plusieurs occasions où la patrie était en danger, mais pour ce qui concerne la France, sa vocation est liée à la Monarchie catholique, ébranlée au siècle des Lumières et renversée par la Révolution de 1789.

Malheureusement cette réalité historique n’est plus guère enseignée que dans quelques écoles qui résistent encore à la pensée unique, au prix de sacrifices financiers, que seule la solidarité peut ouvrir aux familles modestes. La trentenaire qui me fait face a fait sa scolarité dans des établissements de l’enseignement catholique, inutile de dire que le testament de Saint Rémi n’éveille aucun souvenir en elle, ce qui ne m’étonne pas. Bref, quand sonnera l’heure du renouveau, le travail ne manquera pas! Il faudra reprendre la formation en histoire des enseignants, concevoir de nouveaux manuels et repenser le cursus des élèves: vaste programme, comme disait le Général !

Père Yannik Bonnet

Se mobiliser dans la prière toute puissante du Rosaire

Quelle impression gardez-vous de votre récent périple?

La première impression n’est qu’une confirmation de l’état actuel de la France. Il y a une véritable faille, qui sépare une minorité toujours plus consciente de la fragilité économique, politique et sociale de la France, de la majorité anesthésiée par les media et qui préfère se boucher les yeux pour ne pas prendre conscience de la réalité.

La minorité connait les causes de ladite fragilité, une éducation déficiente qui n’ a pas doté notre jeunesse d’ une structuration spirituelle, morale et culturelle à la hauteur des défis contemporains. Mais quand elle en parle , elle ne peut même pas capter l’attention du grand nombre qui préfère se pelotonner dans son matérialisme paisible. Consciente de cette impossibilité de réveiller les endormis, elle se prépare à tenir le choc, sachant que les difficultés sont devant nous.

Les catholiques convaincus et pratiquants font partie de ce petit reste et j’ en ai rencontré tout au long de mon périple: la tonalité majoritaire des propos que j’ai perçus est celle d’ une inquiétude diffuse. De retour à Carnac depuis quelques jours, je perçois les mêmes sourdes appréhensions, notamment chez les anciens pourvus d’enfants, petits enfants, neveux et nièces. Ce matin même, une paroissienne m’a confié qu’elle  » tendait le dos « , convaincue que le monde et particulièrement notre patrie sont à la veille d’événements graves.

La prière du chapelet, et même du rosaire, est en hausse chez ce petit reste, ainsi que l’adoration, ce qui témoigne que l’ Espérance reste vivace quand bien même la lucidité de l’analyse fait percevoir les dangers qui menacent la France. Reste que la classe politique n’est pas à la hauteur de la situation et qu’elle semble mésestimer gravement le péril que représente un Islamisme conquérant et décidé à en faire la démonstration. Dieu veuille que le prix à payer de ce manque de vigilance ne soit pas trop élevé et, compte tenu de ma nombreuse descendance, je prie quotidiennement le rosaire à cette intention. Je sais très bien que notre patrie est la Fille aînée de l’Eglise, bien aimée par Jésus et Marie, ce qui limitera la correction qu’ elle mérite! Mais je souhaite qu’elle ne tire pas trop sur la  » ficelle « : il ne faut jamais se moquer de Dieu.
Je dois dire que mon récent périple m’a montré que notre petit reste est très conscient de la situation, très fervent dans la prière, l’adoration, assidu à la Messe en semaine ( souvent quotidienne ): pour lui les messages répétés de la Très Sainte Vierge en France et dans le monde n’ont pas été vains.

Par ailleurs, ceux qui sont allés à Fatima ont été frappés par la densité de la foule qui s’y pressait, par la ferveur des pèlerins, le climat d’Espérance qui régnait. Les croyants savent que les avertissements du Ciel ne sont pas faits pour inquiéter mais pour stimuler la prière et l’esprit de pénitence. Certes, l’Adversaire fait le maximum pour en détourner les humains mais, face à la Puissance de Marie, il est toujours perdant.

En ce qui concerne la France, toute son histoire nous enseigne que, face aux dangers, elle se réveille toujours. Pour hâter ce réveil, je vous demande, chers lecteurs, de mobiliser vos amis pour que nous soyons toujours plus nombreux à prier ce Rosaire, qui, à Lépante entre autres, a montré sa puissance miraculeuse.

Père Yannik Bonnet

D’une année sur l’autre, avez-vous l’impression que la France bouge?

Je vais me borner, dans cette réponse, à la population d’origine européenne, que j’ai plus l’occasion de côtoyer que celle d’ origine maghrébine, depuis que j’ai quitté Lyon d’abord et ensuite Le Puy en Velay pour m’installer en Morbihan. Et ma réponse est oui, l’évolution est lente mais, on peut le dire, assez constante en direction.

La faille qui sépare la grande majorité de nos compatriotes d’une petite minorité qui s’étoffe quantitativement, continue à s’élargir. La majorité a de moins en moins de repères religieux et moraux, c’est une évidence, et parallèlement elle a également de moins en moins d’intérêt pour la politique et le syndicalisme. Elle ressemble, malgré les siècles qui l’en sépare, au peuple romain qui réclamait à l’empereur du pain et des jeux! Les leaders politiques et syndicaux s’arrachent les cheveux pour arriver à la remuer! Elle n’ a plus d’ ambition professionnelle parce qu’il faudrait faire des efforts, prendre des risques et peut-être changer un petit cadre de vie médiocre, mais auquel elle est habitué.

Fait partie de cette majorité à l’ encéphalogramme plat côté religieux et moral, une petite fraction de classe sociale et économique élevée, qui n’ a aucun contact avec le  » peuple « , car son seul moteur, c’est l’ argent. Je repense aux cantiques de ma jeunesse :  » Je n’ ai qu’une âme qu’il faut sauver  » et je me dis que leur refrain, c’est plutôt :  » Je n’ai qu’ un corps qu’il faut choyer « !

Inutile de dire que bâtir un couple susceptible de tenir une vie, avec un bagage aussi léger, c’est mission impossible: les sociologues confirment. Du coup, on se marie de moins en moins, ce qui économise le coût du mariage et celui du divorce. Mon journal quotidien local donne le dimanche un supplément  » féminin « , avec un courrier des lectrices et lecteurs, les demandes de conseils et les réponses de la psychologue de service: cela confirme le diagnostic porté sur l’ encéphalogramme de la population majoritaire.

Une observation complémentaire: le dimanche matin, les plus actifs vont faire leur jogging hebdomadaire et je les croise ou les dépasse, selon le cas, en partant célébrer la Messe. La plupart a deux écouteurs sur les oreilles pour éviter, je pense, un silence dont ils ont perdu l’habitude et qui les inquiète. A chaque fois, je pense au merveilleux livre du Cardinal Sarah sur le silence, aux retraites que j’ai faites dans les foyers de Charité, à mes ballades à bicyclette sur les petites routes tranquilles de Bretagne ( du moins quand les vacanciers sont partis! ). Ce vide intérieur favorise certainement tous les drames des couples et familles, qui meublent en partie mon journal local. Je ne suis nullement pessimiste, Marthe Robin m’a guéri il y a plus de quarante ans! Je suis seulement réaliste, hélas, mais quel gâchis!
Heureusement il y a la petite minorité, qui ne se contente pas de grandir en quantité. Il y aura demain une semaine, dans un petit village de Loire Atlantique, au cours d’ une journée organisée par un couple local, les quatre prêtres que nous étions avons confessé environ trois heures de suite et imposé en clôture de Messe cent cinquante scapulaires, dédiés aux Cœurs Unis de Jésus et Marie. Et ce n’ est ni la première ni la dernière fois : étonnez-vous que je sois sûr du renouveau!

Père Y. Bonnet

Quand sera-t-il possible de mettre fin au génocide des intelligences ? Père Bonnet

La question ne cesse de prendre une importance cruciale pour l’avenir de la France. Quand on fréquente les responsables de PME, on ne peut manquer d’être frappé par la tonalité alarmiste de leurs propos, quand ils évoquent leurs difficultés à recruter une main d’œuvre adaptable à leur métier.

Que les recrues ne soient pas immédiatement adaptées n’est pas pour les inquiéter, cela a toujours été le cas pour la grande majorité des embauchés, même issus d’une solide formation professionnelle. Non, le constat est qu’ils n’ ont pas été formés à réfléchir ni à raisonner et qu’ils n’ont pas les bases de la langue française pour pouvoir poser les questions et comprendre les réponses !

A cela vous pouvez ajouter que l’usage prématuré de la calculette ne les aide pas à repérer les ordres de grandeur et qu’on ne leur a pas donné l’habitude de construire eux-mêmes des graphiques simples pour représenter visuellement les données de l’énoncé d’un problème.

Avant de mettre en place une énième réforme du collège, aussi inepte qu’inutile, il aurait fallu redonner à l’enseignement primaire l’éminente qualité qui a été la sienne pendant des décennies. N’oublions jamais que nous avons réalisé le bond des trente  » glorieuses  » avec une majorité de salariés, cadres autodidactes compris, qui avaient débuté leur carrière avec le seul solide niveau du certificat d’études primaires. Quand j’ai quitté en 1978 l’industrie pour diriger une Ecole d’ingénieurs chimistes, j’ ai constaté déjà un écart de qualité important entre le travail scientifique des élèves, d’excellente valeur, et la rédaction du rapport, parfois calamiteuse! Il a fallu donner quelques cours de français, après avoir expliqué aux jeunes qu’un rapport bien ficelé peut promouvoir un travail médiocre quelconque mais bien présenté!

J’ai quitté la direction de l’Ecole en 1989 pour créer ma propre entreprise, mais gardé suffisamment de contacts tant avec le milieu industriel qu’avec le monde de l’enseignement, pour savoir que la situation a empiré.

Les gourous du pédagogisme ont continué à perpétrer impunément un génocide qui a brisé l’ascenseur social: c’est un drame pour les familles modestes et une perte sèche pour notre pays. En quelque sorte, une action criminelle, dont aucun Ministre de l’Education Nationale ( cette machine à broyer, pour reprendre le titre d’un livre récent d’une professeur de Lettres ) ne peut enrayer l’action destructrice. Dieu merci, n’en déplaise aux incultes de tout niveau, la culture française résiste miraculeusement à toutes les tentatives de destruction, et ses plus farouches défenseurs n’ont pas forcément un patronyme franchouillard, ce qui est le bon signe de sa valeur universelle! N’est pas Fille Aînée de l’Eglise qui le veut, et tant mieux si des agnostiques venus d’autres continents continuent à défendre sa culture avec bec et ongles. Ils méritent bien que nous célébrions de Saintes Messes pour demander à notre divin Maître de pourvoir à leur salut éternel et, pour ma part, je m’acquitte avec joie de ce devoir de charité fraternelle.

Pour conclure, je persiste à penser qu’il ne faut pas tenter de réformer l’Education Nationale. On ne réforme pas une machine à broyer pour en faire une machine à former et à cultiver, on la met à la casse, sans regret et sans Requiem!

Père Yannik Bonnet

On recherche de grands serviteurs du Bien Commun

Qu’est ce qui manque le plus à la France pour se relever ?

Je comprends d’ autant plus cette question d’ un ami que je me la pose moi-même. Et, depuis un demi siècle, se sont accumulées tant de déficiences qui affaiblissent notre patrie, que les classer n’ est pas évident. Je finis par lui répondre qu’il me semble normal de chercher la réponse en prenant en compte, avec une grande sollicitude, les besoins de notre jeunesse.
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Que faire, après … la Bérézina ?


A cette question, connaissant la prédilection divine pour la Fille aînée de l’Eglise, j’ai répondu : nous pouvons être sûrs que, si Dieu a permis l’élection au sommet de l’Etat d’un serviteur du mondialisme financier athée (voire luciférien), ce ne peut être, pour notre pays, qu’en vue de tirer du mal actuel un bien à venir supérieur.

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